Quel type de motorisation pollue le moins sur 100 km ?
Alors que la transition énergétique occupe le devant de la scène politique et sociale, une question revient régulièrement : quelle motorisation choisir pour limiter son impact carbone ? Si le prix à la pompe ou le coût d’acquisition restent des critères de choix pour beaucoup d’automobilistes, l’émission de CO₂ au kilomètre devient un indicateur incontournable dans une France en quête de neutralité carbone. Les véhicules thermiques, hybrides, électriques… Tous prétendent avoir leur place. Mais qu’en est-il réellement lorsque l’on se penche sur les chiffres ?
Voici une analyse comparative claire et chiffrée des émissions de CO₂ pour 100 kilomètres parcourus, selon le type de motorisation. Préparez-vous à (re)penser votre prochaine voiture.
Voitures thermiques : les grandes émettrices
Commençons par le classique : les voitures essence et diesel. En moyenne, une voiture essence émet environ 170 g de CO₂ par kilomètre, ce qui représente 17 kg pour 100 km. Les modèles diesel sont légèrement plus performants à ce niveau, avec une moyenne autour de 140 g/km, soit 14 kg de CO₂ pour 100 km.
Pourquoi cette différence ? Essentiellement parce que les moteurs diesel ont un meilleur rendement énergétique. Cependant, ils émettent d’autres polluants, comme les oxydes d’azote (NOx), très nocifs pour la santé et l’environnement immédiat, et nécessitent donc des systèmes de dépollution plus complexes.
À noter également : les performances varient selon des facteurs comme le poids, l’aérodynamisme ou l’ancienneté du véhicule. Une citadine essence récente émettra forcément moins qu’un SUV diesel de 2010, mais la règle générale est limpide : plus la voiture est lourde, plus elle pollue.
Les hybrides : un juste milieu ?
Les véhicules hybrides non rechargeables (aussi appelés « full hybrid ») utilisent un moteur thermique assisté par un moteur électrique. Sur 100 kilomètres, ils émettent en moyenne 90 à 120 g de CO₂ par km, soit environ 9 à 12 kg pour 100 km.
Leur avantage ? En ville, où les arrêts sont fréquents, le moteur électrique assure une large part de la propulsion, réduisant notablement les émissions. Un exemple parlant : une Toyota Yaris Hybride de 2023 émet autour de 89 g/km selon la norme WLTP. C’est deux fois moins qu’un modèle essence standard.
Là encore, tout dépend du style de conduite et du terrain. En usage purement urbain, les performances environnementales peuvent être très intéressantes. Sur l’autoroute, elles deviennent comparables à celles des moteurs thermiques classiques.
Les hybrides rechargeables : tout est dans l’usage
Communément appelées PHEV (plug-in hybrid electric vehicles), ces voitures disposent d’une batterie qui peut être rechargée sur le secteur. Elles peuvent parcourir 40 à 80 km en tout électrique avant que le moteur thermique ne prenne le relais. Sur le papier, leurs émissions peuvent descendre à 20 à 50 g de CO₂/km, soit 2 à 5 kg pour 100 km.
Mais ce chiffre n’a de sens que si la voiture est rechargée régulièrement. Sans recharge quotidienne, l’ordinateur de bord n’utilise le mode électrique que très peu. Résultat : plusieurs études, comme celle de l’ICCT (International Council on Clean Transportation), ont mis en lumière des émissions réelles parfois 2 à 3 fois supérieures aux chiffres annoncés. En usage exclusivement thermique, ces véhicules dépassent souvent les 130 g/km.
Autrement dit, si vous n’avez pas la possibilité de recharger votre PHEV au quotidien, il vaut mieux envisager autre chose.
Voitures électriques : zéro émission à l’échappement, oui mais…
On entend souvent que les véhicules électriques n’émettent aucun CO₂. C’est vrai… à l’échappement. Sur la route, ils ne génèrent ni CO₂, ni NOx, ni particules fines. Sur 100 km, leur émission directe est donc de 0 kg.
Mais un regard honnête impose de prendre en compte les émissions indirectes : production d’électricité, fabrication des batteries, extraction des matériaux nécessaires. En France, pays au mix énergétique fortement décarboné (grâce au nucléaire et aux renouvelables), conduire une voiture électrique équivaut à environ 2 à 4 kg de CO₂ pour 100 km.
En Allemagne ou en Pologne où le charbon reste une source importante d’électricité, ce chiffre peut monter jusqu’à 12 kg/100 km, soit presque l’équivalent d’une hybride. Autrement dit, tout dépend du pays où vous rechargez…
Exemple concret : une Renault Zoe parcourant 100 km en France génère environ 2,5 kg de CO₂. Ce chiffre est basé sur les ratios donnés par l’ADEME (Agence de la Transition écologique), qui évalue le mix électrique français à seulement 35 g de CO₂/kWh contre plus de 500 g/kWh en Chine, par exemple.
Les autres facteurs à ne pas négliger
Comparer les moteurs uniquement sur leur consommation directe serait réducteur. Voici quelques éléments qui influent également significativement sur l’empreinte carbone :
- Le cycle de vie du véhicule : La fabrication, notamment de la batterie pour les VE, est très énergivore. Une étude de Transport & Environment estime qu’elle peut représenter jusqu’à 50 % des émissions totales pour un véhicule électrique.
- La durée de vie : Les véhicules utilisés longtemps amortissent plus efficacement leur bilan carbone initial. Une électrique devient réellement plus verte qu’une thermique après environ 30 000 à 50 000 km.
- Le poids : Les SUV, qu’ils soient thermiques ou électriques, sont plus lourds et donc plus gourmands. Un SUV électrique peut facilement nécessiter 20 kWh/100 km, contre moins de 13 kWh/100 km pour une citadine.
- Le style de conduite : Une conduite agressive augmente les émissions, tous types de moteurs confondus.
Et demain ? Les pistes pour réduire encore plus
À court terme, le véhicule le plus vert reste souvent… celui que vous ne changez pas. Prolonger la durée de vie de sa voiture, partager les trajets (covoiturage) ou encore développer des mobilités douces (vélo, transports en commun) sont des pistes à considérer sérieusement.
Côté technologie, les batteries solides, la voiture à hydrogène ou les carburants synthétiques (e-fuels) sont en développement. Mais leur efficacité énergétique reste inférieure à celle du couple électricité/batterie. Et leur bilan carbone dépendra in fine des procédés de fabrication, encore très énergivores.
À l’échelle mondiale, une chose est sûre : la réduction des émissions liées à la mobilité passera autant par l’évolution des motorisations que par une réduction du nombre de kilomètres parcourus.
Ce qu’il faut retenir
- Voitures thermiques : 14 à 17 kg de CO₂ pour 100 km. Les plus polluantes, surtout en zone urbaine.
- Hybrides simples : 9 à 12 kg/100 km. Performantes en ville, faibles progrès sur route.
- Hybrides rechargeables : 2 à 12 kg/100 km selon l’usage. Peu efficaces sans recharge régulière.
- Véhicules électriques : 0 à 4 kg/100 km. L’option la plus propre en France… si légère et bien rechargée.
Choisir une motorisation plus propre, c’est important. Mais repenser ses déplacements, c’est essentiel. Prendre le vélo pour 5 km au lieu de la voiture réduit les émissions à zéro. Et ça, aucune technologie ne pourra rivaliser.