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Ges maison : quelles sont les sources principales d’émissions de gaz à effet de serre domestiques

Ges maison : quelles sont les sources principales d’émissions de gaz à effet de serre domestiques

Ges maison : quelles sont les sources principales d’émissions de gaz à effet de serre domestiques

Le foyer, un émetteur insoupçonné de gaz à effet de serre

Quand on évoque les gaz à effet de serre (GES), on pense spontanément aux usines, aux transports routiers ou aux vols long-courriers. Et pourtant, nos logements — ces cocons familiers à l’apparence inoffensive — sont de véritables pôles d’émissions. En France, le secteur résidentiel-tertiaire représente à lui seul près de 20 % des émissions nationales de GES, selon le ministère de la Transition écologique.

Mais d’où viennent précisément ces émissions dans nos maisons ? Quels gestes du quotidien contribuent, à notre insu, à réchauffer la planète ? Et surtout, est-il possible de concilier confort domestique et sobriété carbone ? Plongée dans les sources majeures de GES à domicile, chiffres à l’appui.

Chauffage : le poste le plus carboné du foyer

Sans surprise, le chauffage reste la principale source d’émissions de gaz à effet de serre dans les logements. En 2021, il représentait près de 60 % de la consommation énergétique résidentielle. Et tout dépend du mode de chauffage utilisé.

Le fioul, par exemple, est un véritable champion toutes catégories : il émet environ 310 g de CO₂ par kWh, contre 234 g pour le gaz naturel. À l’inverse, l’électricité issue d’un mix faiblement carboné (comme en France, grâce au nucléaire et aux renouvelables) émet en moyenne moins de 60 g de CO₂ par kWh, selon l’ADEME.

Ainsi, un logement chauffé au fioul peut émettre plus de 3 tonnes de CO₂ par an, alors qu’un chauffage électrique performant, combiné à une bonne isolation, en émet moins de la moitié. La rénovation énergétique des bâtiments — isolation, changement de chaudière, installation de pompes à chaleur — constitue donc un levier prioritaire.

La cuisson : un impact plus discret, mais non négligeable

Moins visible mais tout de même significatif : la préparation des repas. Gaz ou électricité ? Là encore, le choix du mode de cuisson détermine l’empreinte carbone.

Une cuisinière à gaz naturel émet entre 150 et 250 g de CO₂ par kWh. Si l’on considère un foyer qui cuisine en moyenne 1 heure par jour, cela représente, sur un an, environ 100 kg de CO₂. Ce n’est pas énorme comparé au chauffage, mais c’est loin d’être anodin quand on multiplie ce chiffre par 30 millions de foyers français.

Le four électrique, s’il est utilisé fréquemment, peut aussi lourdement peser sur la facture carbone, surtout s’il s’agit d’un ancien modèle énergivore. Les appareils de cuisson de nouvelle génération, notamment les plaques à induction, sont nettement plus sobres.

Électroménager et consommation cachée

Un autre pan des émissions domestiques repose sur les appareils électroménagers : réfrigérateurs, lave-linge, sèche-linge, télévisions, ordinateurs, box internet… L’électricité consommée par ces équipements dépend à la fois de leur usage mais aussi de leur efficacité énergétique.

À première vue, une ampoule LED semble inoffensive, tout comme un ordinateur en veille. Mais cumulés, ces appareils dits « en veille passive » représentent jusqu’à 10 % de la consommation d’électricité d’un foyer. C’est ce que les experts appellent la « consommation fantôme ».

En optant pour une multiprise avec interrupteur, certains foyers économisent jusqu’à 80 € et 300 kg de CO₂ par an, selon l’ADEME. Idem pour les réfrigérateurs de classe A++ (ou supérieur), qui peuvent économiser jusqu’à 40 % d’énergie par rapport aux anciens modèles.

L’eau chaude sanitaire, un poste énergétique souvent sous-estimé

Chauffer de l’eau, que ce soit pour la douche ou la vaisselle, nécessite une quantité d’énergie non négligeable. En moyenne, ce poste représente environ 12 à 15 % de la consommation énergétique d’un logement.

La méthode utilisée influe, là encore, sur les émissions. Un chauffe-eau au gaz sera plus émetteur qu’un modèle électrique relié à une production d’électricité bas-carbone. Le volume d’eau consommé joue aussi : une douche de 5 minutes consomme en moyenne 60 à 80 litres d’eau chaude — soit environ 1,5 kWh, ce qui équivaut à 100 g de CO₂ si l’électricité est faiblement carbonée, mais à 350 g si elle est produite à partir de charbon.

Les mousseurs, les robinets thermostatiques ou les douches à débit réduit sont autant de dispositifs simples pour optimiser cette dépense énergétique.

Le numérique domestique : un impact grandissant

Les usages numériques dans le foyer explosent. Entre le télétravail, les visioconférences, le streaming, les réseaux sociaux et le jeu vidéo, le nombre d’objets connectés et la quantité de données consommées a bondi en quelques années.

Une heure de streaming en haute définition consomme environ 0,3 kWh, représentant près de 20 g de CO₂. Cela peut sembler modeste, mais cette consommation devient exponentielle si on considère que 1 milliard d’heures de vidéos sont vues chaque jour sur YouTube.

Certes, la majorité de ces émissions se situe du côté des centres de données, mais nos équipements domestiques (téléviseurs connectés, ordinateurs, box) y contribuent. Bon à savoir : une box internet consomme en moyenne 200 kWh par an, soit l’équivalent d’un gros frigo.

Choisir des appareils labellisés, limiter la résolution des vidéos, supprimer les mails inutiles ou éteindre son ordinateur plutôt que de le mettre en veille sont autant de gestes simples, mais vertueux.

Les émissions indirectes : l’empreinte cachée des biens de consommation

Les émissions domestiques ne se résument pas à ce que l’on consomme en direct. Il y a aussi tout ce qui se cache derrière les objets que l’on achète, installe et utilise à la maison.

Un canapé, un téléviseur, un smartphone ou un lave-vaisselle ont une « empreinte carbone grise », liée à leur production, leur transport, puis leur fin de vie. Selon l’Agence européenne de l’environnement, plus de 60 % de l’empreinte carbone des produits électroniques provient de la phase de fabrication.

Réparer plutôt que remplacer, acheter d’occasion, allonger la durée de vie des équipements : ces choix permettent de réduire significativement notre poids carbone domestique.

Des leviers d’action concrets à portée de main

La bonne nouvelle ? Contrairement à d’autres domaines plus difficiles à maîtriser, les émissions liées au logement sont souvent modifiables par des choix personnels. Voici quelques gestes à fort impact :

Changer ses habitudes domestiques n’est pas toujours aisé. Mais chaque geste compte, à la fois pour le climat et pour le portefeuille. Comme le rappelle l’énergéticien Jean-Marc Jancovici : « La transition ne se fera pas sans le concours volontaire des citoyens. » Et cela commence souvent… au fond de son salon.

Alors, la prochaine fois que vous allumerez le chauffage ou le micro-ondes, posez-vous cette question : est-ce vraiment nécessaire ? Parce qu’aujourd’hui, vivre chez soi, c’est aussi agir pour demain.

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