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Protocole ghg : rôle et application dans la gestion des émissions de GES

Protocole ghg : rôle et application dans la gestion des émissions de GES

Protocole ghg : rôle et application dans la gestion des émissions de GES

Qu’est-ce que le Protocole GHG ? Un outil normatif pour une planète en surchauffe

À l’heure où les émissions de gaz à effet de serre (GES) battent des records inquiétants, la question n’est plus de savoir si nous devons agir, mais comment. Le Protocole GHG (Greenhouse Gas Protocol) s’impose comme l’un des outils les plus largement utilisés pour mesurer, maîtriser et réduire les émissions de GES. Mais au-delà des sigles, que recouvre réellement ce protocole ? Et, surtout, comment s’intègre-t-il dans les stratégies climatiques des entreprises, des États et même des citoyens engagés ?

Un standard international né d’un besoin urgent

Créé en 1998 par le World Resources Institute (WRI) et le World Business Council for Sustainable Development (WBCSD), le Protocole GHG répondait à une exigence claire : fournir une méthode standardisée et robuste pour comptabiliser les émissions de gaz à effet de serre.

Le protocole a rapidement été adopté à l’échelle mondiale par les entreprises, les collectivités territoriales et même certains gouvernements. Il permet de structurer la comptabilité carbone de manière fiable, transparente et comparable. L’objectif ? Offrir une base solide à la stratégie carbone des organisations.

Scope 1, 2, 3 : Les trois piliers de la comptabilité carbone

Le framework du GHG repose sur une classification devenue un standard dans la quasi-totalité des bilans carbone : les scopes 1, 2 et 3.

Un exemple ? Dans le cas d’un fabricant de smartphones, les émissions liées à la production d’électricité utilisée dans son usine relèvent du scope 2. Celles liées à l’extraction des métaux ou au transport du colis jusqu’au client entrent dans le scope 3. Et c’est bien souvent dans ce dernier que se nichent les émissions les plus massives… mais les moins maîtrisées.

Pourquoi le protocole est-il devenu incontournable ?

Le succès du Protocole GHG ne doit rien au hasard. Il combine rigueur scientifique, flexibilité opérationnelle et acceptation internationale. Il a été adopté, entre autres, par la Commission Européenne, les Nations Unies, le CDP (Carbon Disclosure Project) et de nombreuses grandes entreprises comme Microsoft, Nestlé ou L’Oréal.

Mais au-delà de la conformité réglementaire, ce protocole est surtout devenu un levier stratégique. Les organisations s’en servent pour :

Une méthode qui évolue avec les enjeux

Depuis ses débuts, le GHG Protocol s’est enrichi de plusieurs modules adaptés aux spécificités sectorielles ou aux nouveaux défis environnementaux. On distingue aujourd’hui plusieurs “standards” complémentaires :

Cette granularité permet une grande précision, mais peut aussi dérouter au premier abord. C’est là qu’interviennent des cabinets spécialisés ou des outils automatisés aidant à structurer la démarche.

Étude de cas : le cas Decathlon

Un exemple emblématique d’application du Protocole GHG est celui de Decathlon, le géant français de la distribution d’équipements sportifs. En adoptant une méthodologie rigoureuse inspirée du GHG Protocol, la marque a découvert que plus de 90 % de son empreinte carbone se situait dans son scope 3, notamment en lien avec la fabrication de ses produits.

Ce diagnostic a conduit à des changements structurels : révision des matériaux utilisés, logistique plus efficiente, intégration de critères bas carbone dans la conception produit. L’enseigne affiche aujourd’hui des objectifs de réduction conformes à la trajectoire 1,5 °C définie par l’Accord de Paris.

Un outil pour les acteurs publics aussi

Le Protocole GHG n’est pas réservé au monde de l’entreprise. De nombreuses collectivités territoriales l’utilisent pour établir leur propre bilan d’émissions. C’est le cas de la ville de Lyon, qui s’appuie sur le standard GPC (Global Protocol for Community-Scale Greenhouse Gas Emission Inventories), une variante du Protocole GHG spécialement conçue pour les zones urbaines.

Ces bilans permettent notamment de mieux orienter les politiques publiques locales, en mettant en lumière l’impact du chauffage résidentiel, des transports en commun, ou encore des zones logistiques sur les émissions locales.

Un besoin croissant de transparence… parfois coûteux

Mesurer ses émissions, oui. Mais avec quoi, et à quel prix ? Si des solutions logicielles comme Carbonfact, Sweep ou Toovalu permettent d’automatiser une partie de la collecte, la démarche reste chronophage. Elle exige une collecte de données fine, parfois difficile à obtenir auprès des fournisseurs ou des sous-traitants.

Cette complexité pose une vraie question d’accès. Les grandes entreprises y parviennent, mais les TPE/PME peinent encore à entrer dans cette logique, faute de moyens ou de compétences internes. D’où la nécessité d’initiatives publiques pour faciliter la montée en compétence et mutualiser les coûts.

Limiter le greenwashing : le vrai enjeu derrière les chiffres

À mesure que le climat devient un enjeu marketing vendeur, les risques de greenwashing se multiplient. Or, une comptabilité carbone bien faite, selon le Protocole GHG, peut justement éviter l’écueil de la communication trompeuse.

Elle oblige à justifier les chiffres, à préciser les périmètres analysés (par exemple, « nos émissions ont baissé de 40 % »… mais sur quel scope ?), à fournir des audits tiers. Elle pousse aussi à faire le lien entre les engagements publics et les actions réelles. Bref, à passer de la promesse à la preuve.

L’avenir du GHG Protocol dans une économie en transition

Alors que de plus en plus d’entreprises s’engagent dans des trajectoires net zero carbone, le rôle du protocole devrait encore croître. Il est même prévu qu’il se renforce dans le cadre de la future directive européenne CSRD (Corporate Sustainability Reporting Directive) qui imposera, dès 2025, une transparence renforcée sur les émissions de GES pour plus de 50 000 entreprises en Europe.

Face aux attentes réglementaires, aux pressions citoyennes, et à l’urgence climatique, le Protocole GHG devient bien plus qu’une méthode : il est en train de devenir un langage commun. Un socle pour bâtir une économie écologiquement viable, socialement juste, et scientifiquement crédible.

Et maintenant ? Il reste à faire vivre ce protocole non comme une contrainte, mais comme un levier. Car une chose est sûre : sans mesure rigoureuse, il n’y a pas d’action efficace. Et sans action, l’avenir de la planète reste suspendu à un fil. Ou plutôt à un nuage… de CO₂.

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